Dans le cadre de la coopération solidaire que la PHS 34 entretient depuis plusieurs années avec les acteurs locaux (municipalité, établissements sanitaires et scolaires, réseau associatif) de la Province de Tinghir au Maroc, nous avons pu favoriser en 2018 la mise en place d’un partenariat scolaire solidaire entre le collège Les Escholliers de la Mosson de Montpellier et le collège Al Wafa de Tinghir.
Après plusieurs mois de préparation, cette action s’est dernièrement concrétisée , avec l’appui de la PHS 34, par l’organisation d’un séjour de découverte du 19 au 25 novembre à Tinghir. A cette occasion, une délégation de 24 élèves et 4 professeurs du collège Les Escholliers de la Mosson ont eu la possibilité d’atteindre leurs objectifs initiaux de découverte de la culture et de la langue Arabe en ciblant le projet sur le Maroc et sur la thématique de l’Immigration à travers l’Histoire de la présence des familles originaires de la Région de Tinghir à Montpellier.
Nous avons le plaisir de communiquer ci-dessous, la 1ère restitution des élèves du collège Les Escholliers de la Mosson à l’issue de leur séjour, afin de vous permettre d’apprécier le ressenti et le retour d’expérience de leurs présences aux côtés de leurs camarades marocains.
C’est aussi pour la PHS 34, qui a renforcé et accompagné ce projet sur le plan technique et financier, le témoignage de sa capacité à fédérer et à développer un champ d’action incontournable dans le domaine éducatif en complément des projets initiaux qu’elle conduit depuis de nombreuses années sur le Maroc et ouverts aux partenaires de l’Education nationale,
Pour le Département de l’Hérault, qui accorde son soutien aux actions de la PHS 34, cette action traduit un précieux appui à une démarche citoyenne qui vise à promouvoir auprès des collégiens héraultais, la découverte et l’apprentissage de la solidarité internationale, en combinant utilité sociale, action solidaire et échanges inter-linguistiques et interculturels, dans un pays comme le Maroc, où les conditions scolaires demeurent encore aujourd’hui très précaires….
“Paroles de collégiens”…Nouvelles de Tinghir (presque) en direct et en images
Ce voyage est une leçon de vie pour nous tous
Envoyé par M. Bayou (CPE), un compte rendu éloquent des impressions des élèves sur leur voyage, recueillies lors de leur rencontre avec l’association les enfants pionniers de Tinghir.
Dans le vieux quartier historique juif de la ville de Tinghir (le Mellah), on a rencontré une petite fille qui s’était fabriqué elle-même ses ballerines, avec du plastique. Elle était toute mignonne et souriante et nous on était là avec nos vêtements de marque, sans mesurer la chance que l’on a de pouvoir les porter et les faire acheter par nos parents.
(Hind)
Dans les gorges de Toudra, j’ai entendu un petit dire à sa maman « tu as vu leurs habits maman ? ». Je n’avais pas réalisé jusqu’alors que nos habits pouvaient faire rêver.
(Sami)
Lors de la fête de l’Aïd El Mouled, nous avons été invités par une association de quartier et nous avons participé avec eux aux jeux qui étaient organisés. C’était des jeux simples, bricolés avec deux bouts de ficelle, mais c’était des jeux drôles qui rassemblent, en amusant petits et grands.
Nous on n’est jamais satisfaits, on réclame toujours plus tout le temps.
(Wissal A.)
Les gens sont généreux, ils sont toujours prêts à nous inviter à boire, à manger alors qu’ils n’ont pas beaucoup. On était invités partout, tout le temps. Ils donnent plus que ce qu’ils ont.
(Anissa, Wissal H., Saïd)
On a rencontré des gens souriants, fiers, chaleureux, avec la main sur le cœur.
(Khaïra, Wissal H., Hajar, Jade, Abdelwalid)
Les gens que l’on rencontre ne te connaissent bien sûr pas, mais ils te parlent comme s’ils te connaissaient. Et quand tu es accueilli chez eux, ils te traitent comme un membre de leur famille.
(Walid)
Ils sont heureux d’aller à l’école, alors que les conditions d’accueil ne sont pas confortables. Il n’y a pas de chauffage par exemple.
(Nassima, Marie- Alice, Jade, Alya, Hiba)
En France on a des moyens pour apprendre, pour vivre (piscines, médiathèques, transports…) et on n’a pas la volonté. Au Maroc, ils ont la volonté, mais pas les moyens.
(Sami)
En classe, les tableaux sont accrochés avec des cordes, les murs sont sales et abîmés, les fenêtres parfois sont cassées, il fait froid. Les livres ne sont pas intéressants, il n’y a pas d’images, ils font vieux et en plus, il n’y en a pas assez pour tout le monde. Je pensais que personne n’allait écouter et travailler dans ces conditions et en fait pas du tout. Alors que nous, on a du chauffage, des salles grandes, claires, bien peintes et décorées, des vidéoprojecteurs, des livres avec des cartes, des photos… et on ne fait pas d’efforts pour travailler.
(Chaïma, Sofiane)
J’ai assisté à un cours de sciences physiques et j’ai pu constater qu’ils n’avaient pas assez de tubes à essais pour faire des expériences et en cours d’anglais aussi, ils n’avaient qu’un cahier pour deux et même certains binômes n’avaient pas de cahier du tout.
(Jawed)
Nous on conteste souvent l’autorité des adultes alors qu’au Maroc, ils respectent leurs profs.
(Ayoub)
On a rigolé avec des gens, même si parfois on ne comprenait pas ce qu’ils disaient.
(Sofiane)
On s’est plaint une fois de ne pas avoir eu d’eau chaude pendant le séjour alors qu’on a rencontré des gens qui n’avaient pas de toit. Quand on a visité le collège El Wafa, j’ai demandé à une fille si sa vie lui plaisait et j’ai été choquée qu’elle me réponde oui parce que je pensais qu’elle allait me dire le contraire. Elle est contente de sa vie qui n’est pas aussi bien que la notre. Et nous pourtant on n’est pas content. Finalement, plus on est pauvre, plus on est généreux et ça, c’est fou !
(Hind)
Ca nous a mis une grosse claque.
(Sirine, Dounia)
Avec leur générosité, je me suis même habituée à leur façon de vivre alors qu’avant je ne faisais pas l’effort.
(Nouhaila)
On a été accueilli merveilleusement bien à Dar Aïcha, notre maison d’hôtes, on a super bien mangé, toujours, c’était bien cuisiné. L’équipe est restée avec nous le soir, ils ont joué, dansé et fait de la musique avec et pour nous alors qu’ils n’étaient pas obligés car ils se lèvent tôt.
(Wissal A.)
Les gens ont toujours le sourire et sont heureux quand ils jouent de la musique, quand ils sont dans la rue, quand ils jouent.
(Ryad)
Quand on est arrivé à 4 heures du matin , on était quelques uns à avoir faim . Le patron nous a entendus et il nous a fait un tagine ! Il n’était vraiment pas obligé. Il voulait bien nous accueillir. Les gens au Maroc connaissent le sens des valeurs, que nous, on a parfois tendance à oublier par égoïsme. Finalement, il en faut peu pour être heureux.
Après ce voyage on ne sera plus jamais pareils. On a gagné en maturité. C’est obligé.
(Malika)
« Ce n’est pas nous qui faisons le voyage, c’est le voyage qui nous fait ».
Nicolas Bouvier